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Culture : entre Diversité et Valeurs Universelles !



D’après Édouard Herriot, la culture est ce qui demeure dans l’homme lorsqu’il a tout oublié. La culture commande les émotions des individus. Elle détermine comment et pourquoi nous aimons, détestons, haïssons et vénérons !Quand le rationnel se perd dans la complexité des situations qu’il gère ou dans les crises qu’il n’arrive pas à gérer, l’émotionnel prend la relève avec beaucoup d’instinct, mais aussi beaucoup d’énergie et de biais culturels, et c’est là où exactement la culture devient décisive. Comprendre la culture revient à comprendre l’Homme et, certainement, un homme sans culture ressemble à un zèbre sans rayures (proverbe africain). La culture fait que la synergie entre les individus prend la forme d’un héritage qui se transmet entre groupes, entre générations et entre peuples.


Concrètement, pour schématiser les déterminants des cultures organisationnelles ou/et sociales, les marguerites sociologiques sont d’une utilité incontournable. Décrites par David Autissier dans son ouvrage «La Conduite du changement» (Edition Dunod), ces dernières analysent les six dimensions suivantes :

  •       Les rites et les routines.

  •       Les mythes.

  •       Les symboles.

  •       Les structures de pouvoir.

  •       Les structures de décision.

  •       Les structures organisationnelles.

D’un point de vue instrumental, tout effort de changement des trois premières dimensions passe par des leviers de collaboration, d’éducation et de cocréation, alors que toute démarche visant les trois dernières dimensions passe par des actions plus directives et interventionnistes.


Par ailleurs, nous avons tendance à parler de culture en l’associant à une organisation, à un pays ou à une région. Ceci est intéressant, mais dangereux si cette association prône la généralisation. On n’a pas une culture d’une organisation, mais nous avons des cultures dans les organisations.


Dans la même organisation, dans le même pays et dans le même département vous risquez de passer à côté de l’essentiel en généralisant les caractéristiques humaines et sociales des groupes qui les constituent. Il faut reconnaître la complexité des désignations culturelles, mais il faut surtout savoir l’intégrer dans le cadre d’approches spécifiques aux contextes et non de généralisation. Il est vain de créer des modèles culturels qui ne servent que les apparences trompeuses. Les diagnostics culturels doivent servir les démarches de transformation et de conduite du changement. Ils sont censés repérer les leviers pour activer l’adoption souhaitée de certains comportements pratiques.


Une des transformations majeures qui impacte intensément les cultures organisationnelles (et sociales en général) est certainement le digital, sous ses différentes facettes d’impacts: métiers, compétences, modes de collaboration, business models… Je ne parle pas uniquement les formes actuelles des innovations digitales que nous voyons, mais aussi toutes les technologies que nous avons subies depuis 30 ans, à commencer par les chaines satellitaires, en passant par l’Internet, et en arrivant à la viralité des médias sociaux. Certains arguments prônent un discours uniformisateur qui annonce l’éminence des cultures universelles avec des caractéristiques communes telles que décrite par Vidiadhar Surajprasad Naipaul. Ces arguments ont beaucoup de sens mais font face à beaucoup de limitations et de contradictions. En effet, bien que les valeurs, les rites, et les routines peuvent se digitaliser, les croyances et les mythes ne se digitalisent pas du tout! Les religions et les pratiques spirituelles traduisent souvent ces deux dimensions. Effectivement, vous noterez que la digitalisation du monde n’a pas uniquement créée les valeurs universelles, mais elle a aussi renforcé l’extrémisme vis à vis de certaines croyances.


Nous vivrons toujours dans un monde de ‘cultures’ multiples et diverses, évoluant selon les spécificités des expériences locales, mais baignant dans des valeurs universelles. Il ne s’agit pas d’une équation irrésoluble ! La clé est certainement dans le respect mutuel et l’empathie. Dernièrement, en visitant le Liban, où j’ai eu l’honneur de modérer et d’organiser une conférence internationale sur les transformations agiles. J’ai été surtout impressionné par l’histoire de ce pays, par l’esprit ouvert de ses citoyens, et par la coexistence de ses 18 religions. Avec des hauts et des bas, ce pays reste impressionnant par le respect des croyances individuelles et par l’ampleur de sa diversité culturelle, qui font la brillance de ses hommes et femmes !



Par Farid Yandouz

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