Quand je parle de «changement», il y a une ambition qui m’anime : Celle de convaincre que le changement est possible ! Entre ma propre ambition et les convictions de chacun, il y a un chemin à faire. J’accompagne des collaborateurs, des managers, des DG et des entreprises dans leur itinéraire transformationnel, et je suis devant une affirmation qui se propage souvent dans les milieux professionnels d’une manière explicite et parfois d’une façon implicite. On m’a dit un jour : «il est trop tard pour changer… Après plusieurs années passées à faire les mêmes choses et parfois à refaire les mauvaises erreurs, il est trop tard de changer les pratiques de notre entreprise, ou il est trop tard de changer les comportements de certaines personnes, ou il est trop tard de changer les habitudes de certaines équipes… N’essayez pas, elles ne pourront pas changer, l’inertie est tellement ancrée chez elles». Le pire est que dans nos cercles personnels, nous croisons aussi ce genre de phrases : «Il est trop tard pour que je puisse changer»… «N’essayez pas de changer le comportement de X, il a grandi en faisant ceci ou cela… et donc, impossible de le changer». Dans les paragraphes suivants, j’aborde ce challenge d’un point de vue «contexte professionnel», mais certaines réflexions que je présenterai s’appliqueraient bien au contexte personnel.
S’il y a une résolution à adopter en ce début d’année, c’est bien celle de challenger cette inertie et cette croyance autour du fait qu’il est trop tard de changer certaines personnes, de changer nous-mêmes, et de changer nos organisations vers une meilleure version d’elles-mêmes. Il n’est jamais trop tard pour mieux faire. Il vaudrait mieux tard que jamais !
Il est important de reconnaître que le changement est possible, faire mieux est possible, et devenir la meilleure version de soi-même est aussi possible. Votre posture est la source du changement ! La preuve ? Un cas concret : J’ai dernièrement eu à collaborer avec un membre du directoire d’une entreprise présente dans une vingtaine de pays. Je vais désigner ce dernier par le pseudonyme «Aly» pour préserver son anonymat. Aly m’a confié que depuis que le nouveau président de cette entreprise a pris ses fonctions, les choses avaient vraiment changé, d’une manière étrange : «J’ai eu l’occasion de côtoyer 9 présidents au sein de cette entreprise dans laquelle j’évolue depuis 35 ans. J’ai 57 ans et il ne me reste que 3 ans avant de prendre ma retraite, mais je sens maintenant que j’ai envie de travailler une bonne dizaine d’années supplémentaires, je n’ai plus envie de partir à la retraite. C’est tout un monde que je suis en train de découvrir avec ce nouveau président. Ceci ne m’est jamais arrivé !» Puis, il insiste : «Depuis qu’il est là, mes collègues et moi-même avons l’impression de rajeunir, de vouloir apprendre, d’aller en profondeur des choses. Il est un carburant de notre volonté de travailler. Je suis surpris de me voir avec cette nouvelle motivation et ce rafraîchissement d’engagement… Mon entourage personnel en est aussi surpris, en commençant par ma femme qui s’étonne du changement dans mon rythme de vie professionnelle avec plus d’heures au bureau, plus de réactivité et plus de présence dans la résolution des situations de l’entreprise. Avant que le nouveau président arrive, et comme la plupart des cadres qui ont passé une trentaine d’années dans cette entreprise, je n’avais plus envie de refaire les mêmes exercices sans fin, j’étais dans une phase d’autosatisfaction et de désengagement qui m’arrangeait très bien depuis des années, et ce, jusqu’aux derniers mois».
Ce récit m’a laissé sans voix. J’ai été très conscient des enjeux de la motivation et de l’engagement pour les cadres en général, mais je n’ai jamais pensé à la manière dont la posture managériale de certains hauts dirigeants pouvait transformer des individus en fin de carrière. Le président de cette entreprise est devenu le sujet favori de mes travaux d’analyse pour vérifier la validité des clés de réussite du management engageant telles qu’identifiées auparavant. La réponse à ce questionnement n’a pas tardé de me parvenir de chez Aly !
Il confirme sans hésitation : «Notre président a une compréhension très humaine de l'organisation et des relations professionnelles qu’il entretient avec tous les collaborateurs. Il est là pour comprendre et pour se mettre dans le contexte des situations, pour bâtir avec chacun la solution ou les solutions. Sa légitimité est toujours prouvée par sa capacité à appliquer ses expériences passées d’une manière pertinente, selon les paramètres de chaque situation. Il est rarement dans l’injonction, mais plutôt dans le collaboratif constructif de valeur».
Riche d’un parcours de plusieurs années dans une dizaine de pays, le nouveau président de cette entreprise n’a pas seulement appris à comprendre les subtilités culturelles de ces pays, mais ceci lui a permis d’appréhender la manière de s’adapter à des sous-cultures, à des spécificités de groupes et à adapter des leviers personnalisés pour chaque audience qu’il a à gérer. Pour Aly, la réussite du nouveau président est aussi la résultante de sa grande capacité d’écoute et de sensibilité vis-à-vis de chaque considération personnelle de ses interlocuteurs.
Malheureusement, certains d’entre nous se confinent dans la régularité et dans l’engrenage des détails de leur métier sans capacité de renouvellement, et surtout sans volonté de battre l’inertie du «Il est impossible de changer». Ils s’engloutissent dans l’opérationnel avec une volonté d’éviter au maximum d’avoir affaire à des changements et d’éviter au mieux de décider sur des sujets à fort impact sur eux-mêmes… certains ne veulent pas s’exposer à des critiques et ne souhaitent pas être mis dans des situations inconfortables avec leur entourage… L’ampleur de ce constat est variable selon les contextes, mais le phénomène peut gravement impacter ces personnes et les plonger dans la morosité.
L’histoire de Aly et du président de cette entreprise est marquante et pleine d’apprentissages. D’un côté, le président a eu l’occasion de transformer des mentalités, des états d’esprits, et des capacités d’engagement qu’on juge souvent très difficiles à changer, et ce grâce à son authenticité, à son empathie, à sa flexibilité intellectuelle, et sa capacité à reconnaitre le mérite de ses collaborateurs. D’un autre côté, Aly a profité de l’environnement propice pour se renouveler … à 57 ans ! A mon niveau, un des éléments phares à retenir de cette histoire c’est bien le fait que « Le changement n’est pas impossible : Mieux vaut tard que jamais ! ». Ceci s’applique aussi bien au travail transformateur effectué par le président de l’entreprise, qu’à l’attitude et au changement entamés par Aly.
Pour réussir le changement, il est question de renouvellement à travers la quête de l’apprentissage. Il est aussi question de savoir changer l’environnement pour créer ce renouvellement, puis d’assurer une discipline pour renforcer les résultats du changement. Le renforcement de votre capacité d’apprentissage est une composante essentielle vous permettant d’appréhender les aléas et les évolutions. La pertinence de la capacité de changer n’est valable que si elle est accompagnée par une capacité d’incorporer de nouvelles données, considérations et contraintes d’une manière constructive : Vous réagissez à une prise de position, à une information, à une conversation, ou à une attitude qui réagit, certainement, et tôt ou tard, à son tour à votre réaction qui transformera la vôtre. C’est dans cette dynamique que l’apprentissage nous transforme… Dans la quête de l’apprentissage, l’expérience et l’acte d’expérimentation sont primordiaux s’ils sont utilisés constructivement. Il faudrait avoir le courage d’apprendre et de désapprendre avant d’entreprendre pour éviter la précipitation !
Nous ne pouvons pas parler d’apprentissage sans parler de régularité. Cette dernière crée la magie : La magie de voir des résultats magnifiques se produire grâce à des efforts et à des décisions. La régularité de vos efforts confirmera l’art de votre concentration dans un environnement organisationnel «bruyant» en permanence. Il faut comprendre que nous sommes, bel et bien, entourés de plusieurs distractions qui font que notre concentration est très souvent mise à défaut. La régularité de vos actions est capable de vaincre les perturbations et vous permet de rester concentrés sur l’essentiel : les principes à adopter, les pièges à éviter et les efforts à entreprendre ! La régularité crée une énergie qui permet d’activer les résultats palpables et la concentration sur l’essentiel. Par rétro-action, ces derniers alimentent encore votre énergie pour faire encore plus et mieux. Et vous verrez encore plus d’effets transformateurs de cette énergie qui s’auto-génère et qui créera alors un cercle vertueux de l’inspiration et de la motivation !
Et n’oubliez pas, il est toujours possible de changer et il vaudrait mieux tard que jamais ! C’est une question de renouvellement à travers la quête de l’apprentissage. C’est une question de savoir changer l’environnement pour créer ce renouvellement, puis d’assurer une discipline pour renforcer les résultats du changement. Pratiquez ce mindset en l’adoptant en tant que résolution à appliquer sur un challenge que vous déterminez. N’hésitez pas à partager vos retours d’expérience avec moi !
Bon début d’année !
Par Farid Yandouz
Excellent article pour ce début de 2020 !
Je retiens : ... puis d’assurer une discipline pour renforcer les résultats du changement.
Effectivement, la discipline et la régularité sont très importantes dans ce monde plein de distractions comme vous l'avez dit. On a tendence à bien commencer, mais arrêter au milieu du chemin.